L’Arrogance, ce feu nécessaire

L'arrogance

On la condamne, on la pointe du doigt, on la traite de vice : l’arrogance.

Mais si elle n’était pas un défaut ? Si elle était au contraire l’ultime dignité humaine dans un monde d’obéissance ?

L’arrogance, ce n’est pas gonfler sa poitrine pour paraître plus grand.

Ce n’est pas jouer au roi sans couronne ni se draper dans la vanité.

Non. L’arrogance est une posture intérieure : le refus de plier.

Elle est l’affirmation nue de l’être, même face au tribunal du troupeau.

Elle est une rébellion silencieuse contre la soumission qui gangrène les foules.

Quand les hommes rampent dans la poussière pour quelques miettes de reconnaissance, l’arrogant marche droit, les yeux clairs, le verbe acéré.

Il ne se vend pas. Il ne s’incline pas. Il ne joue pas au serviteur pour mériter un sourire du maître.

C’est pourquoi l’arrogance dérange.

Elle met à nu les faibles qui se camouflent derrière leur humilité feinte.

Elle scandalise les médiocres qui ne supportent pas qu’on leur rappelle leur propre insignifiance.

Elle effraie les puissants, car elle refuse leur révérence.

L’arrogance est une lucidité brutale.

Elle est ce miroir qui force chacun à se voir tel qu’il est : esclave, lâche, menteur ou imposteur.

Et c’est pour cela qu’on la hait : parce qu’elle ne pardonne pas, parce qu’elle tranche sans détour.

Philosophiquement, l’arrogance est un acte de souveraineté.

C’est choisir de rester debout quand tout le monde se prosterne.

C’est l’orgueil de l’esprit qui refuse la servitude volontaire.

C’est la noblesse des insurgés, la braise des dissidents, le cri des damnés qui savent que le monde est pourri jusqu’à la moelle mais qui refusent de l’accepter.

Alors oui, sois arrogant.

Non pas par orgueil creux, mais par fidélité à toi-même.

Sois arrogant parce que l’humilité face à l’injustice n’est qu’une complicité.

Sois arrogant parce que l’obéissance aveugle n’est qu’une capitulation.

L’arrogance n’est pas un masque, elle est une vérité.

Elle est la morsure du réel, l’insulte jetée aux idoles, le rire insolent face aux faux dieux.

Elle est l’arme de ceux qui refusent la prison des convenances, le dernier bastion des libres dans un monde qui fabrique des soumis.

Et si l’histoire a prouvé une chose, c’est bien celle-ci :ce ne sont pas les humbles qui changent le cours du monde,mais les arrogants qui osent marcher seuls, et marcher debout.

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